L’année dernière, je vous ai déjà parlé de ce jardin créé par Bernard Tschumi, mais j’aime y passer, particulièrement au petit matin, quand l’immense parc de la Villette est calme et déserté par la foule. Je ne me lasse pas du jeu des miroirs, des végétaux et de la lumière si changeante.
Telles les constructions ludiques qui parsemaient les parcs et jardins royaux des XVIIIe et XIXe siècles, les folies de la Villette viennent de la façon la plus contemporaine, à la fois rythmer le parc, comme un leitmotiv architectural et l’égayer de leur vive couleur rouge, contrepoint harmonieux à la verdure des arbres et des prairies. L’une d’entre elles montre des vaches qui se détachent sur le fond rouge, avec l’immense pelouse souvent remplie de monde qui s’étale à leurs pattes. Photo prise au petit matin, sans la foule, mais avec les vaches !
La folie aux vaches porte le numéro 17 sur le plan. Elle se trouve en bordure du canal de l’Ourcq et de la prairie du cercle.
Bon à savoir
Au nombre de 26, les folies de Bernard Tschumi sont toutes conçues sur la base d’un cube de 10,80 m de côté et disposées selon une trame régulière de 120 m x 120 m. Chacune d’elle est cependant unique de forme et de fonction. Certaines folies sont bordées d’une large surface minérale appelée carré de la découverte qui ont pour vocation, par la dureté de leur traitement minéral, de perturber et donc de souligner l’environnement végétal immédiat.
Du point de vue architectural autant que du point de vue du visiteur, ce principe des folies constitue la spécificité première du Parc de la Villette. Parmi les plus connues, on peut citer les folies observatoires qui donnent des points de vue d’altitude sur le site de la Villette, la folie L5 qui accueille des ateliers pour enfants ou encore la folie Information qui accueille le public à l’entrée du parc, côté sud.
Entre la Cité des sciences et la Grande Halle, les prairies du cercle et du triangle représentent à elles seules une superficie de 7 hectares de gazon pour la détente et le plaisir de chacun.
Chaque fois que je passe dans le parc de la Villette près du canal de l’Ourcq (Paris 19e), je me demande toujours pourquoi l’escalier de la Folie J5 aboutit au pied de ce grand peuplier. Ou pourquoi ce peuplier a été planté en plein dans le prolongement de l’escalier. Une folie ?
Le saviez-vous ?
Les vingt-cinq Folies rouges de Bernard Tschumi, version contemporaine des gloriettes qui ponctuaient les jardins aristocratiques du XVIIIème siècle, sont espacées de 120 mètres dans le parc. Certaines ne sont que décoratives, d’autres hébergent des activités diverses (ateliers, centre d’informations, billetterie, antenne de secours, restaurant Quick).

Jardin des Miroirs, création Bernard Tschumi, Parc de la Villette, Paris 19e (75), juin 2011, photo Alain Delavie
Les 28 monolithes de béton érigés parmi les pins sylvestres et les érables n’offrent qu’un dos massif aux passants de la galerie nord-sud du parc de la Villette. Mais le promeneur qui s’aventure jusqu’au bout du jardin découvre, en se retournant, un paysage onirique reflété par 28 miroirs.

Jardin des Miroirs, création Bernard Tschumi, Parc de la Villette, Paris 19e (75), juin 2011, photo Alain Delavie
Où sont les arbres et la forêt, où sont leurs reflets virtuels… Les illusions optiques sont trompeuses.

Jardin des Miroirs, création Bernard Tschumi, Parc de la Villette, Paris 19e (75), juin 2011, photo Alain Delavie
Pour la première fois, de grands paysagistes expliquent, photos et plans à l’appui, leur vision du jardin dans la ville. L’auteur les a interrogé à plusieurs reprises, sur leur travail actuel et leurs réalisations passées, leurs évolutions…

Des jardins dans la ville de Michel Corbou, coédition ARTE éditions / La Martinière
Gilles Clément, Pascal Cribier, Peter Latz, Michel Péna, Philippe Raguin, Mark Rudkin, Bernard Tschumi, paysagistes d’expérience mondialement reconnue, sont réunis dans un ouvrage rare et exceptionnel où ils racontent leur vision du jardin dans la ville… François Barré raconte La Villette côté commanditaires et le philosophe Olivier Mongin apporte en contrepoint sa réflexion sur l’espace public.
Deux grandes parties :
– L’histoire au présent (Jardin des Tuileries, Palais-Royal),
– Cultiver une idée du monde (Parc de La Villette, Parc de Bercy à Paris, Landschafts-park de Duisbourg, Jardins de Barcelone, Jardin Henri Matisse à Lille…).
Elles sont illustrées de nombreux photographies des réalisations. En fin d’ouvrage, un cahier photographique propose un aperçu des créations de jeunes paysagistes repérés à Lausanne ou à Chaumont-sur-Loire.
L’Auteur
Michel Corbou, journaliste, photographe et auteur de documentaires pour la télévision, Michel Corbou propose ici un manifeste pour une réflexion sur l’aménagement de la ville qui met en valeur son dernier territoire de partage: le jardin, d’utilité publique.

Des jardins dans la ville de Michel Corbou, coédition ARTE éditions / La Martinière
Une coédition ARTE éditions / La Martinière
Format : 26 x 24,5 cm, 200 pages,
39,90 euros.