En sortant de l’exposition de Tzury Gueta dans la grande serre du Jardin des Plantes (Paris 5e), j’ai eu la surprise de découvrir un immense pied de Dahlia imperialis avec un beau bouquet de fleurs. Une floraison tardive que l’on voit rarement en région parisienne car les gelées d’automne grillent souvent ce dahlia gigantesque avant qu’il n’ait eu le temps de fleurir.
Les vignes vierges gardent longtemps leurs feuilles cette année et plus l’automne avance, plus elles prennent de belles couleurs tout en gardant leur feuillage pourtant prompt à tomber quand la mauvaise saison s’annonce. Voici un superbe rideau flammé sur un des bâtiments qui longe le Jardin des Plantes de Paris.
En été, le feuillage qui envahit de plus en plus l’ouverture fait de l’ombre dans la pièce derrière la fenêtre. En hiver quand toutes les feuilles sont tombées, les rayons du soleil peuvent traverser la fenêtre et illuminer la pièce.
Du 21 novembre 2013 au 2 février 2014, la Fondation Ateliers d’Art de France et le Muséum national d’histoire naturelle présentent au coeur des Grandes Serres du Jardin des Plantes, Noces végétales, la première exposition parisienne du créateur Tzuri Gueta.
Utilisant une matière issue du silicium associée au textile pour créer des oeuvres d’inspiration organique, Tzuri Gueta sublime une nature protégée et contrôlée en proposant un parcours au coeur des serres à la fois réel et rêvé, empreint de symboles. Le monde végétal se découvre autrement, à travers l’oeil du créateur, passé sous le spectre de la modernité, de l’imaginaire, de l’engouement créatif.
Désigné lauréat du prix Le Créateur de la Fondation Ateliers d’Art de France, Tzuri Gueta s’est vu offrir la possibilité de présenter son travail sous une forme exceptionnelle dans un lieu choisi pour sa singularité et les résonances entretenues avec ses propres créations.
Inventeur d’une technique unique et brevetée de « dentelle siliconée », Tzuri Gueta révèle depuis plus de quinze ans à travers ses textiles, ses parures et ses mises en scène un univers résolument organique, végétal ou géologique qui ne demandait qu’à s’épanouir dans un lieu dédié à la nature. Avec le soutien financier et logistique de la Fondation Ateliers d’Art de France, Tzuri Gueta a choisi de présenter son exposition Noces Végétales à Paris, dans les Grandes Serres du Jardin des Plantes. Source d’inspiration pour de nombreux artistes – peintres, hommes de lettre, sculpteurs ou musiciens – le Jardin des Plantes entretien depuis sa création au XVIIe siècle une relation féconde entre les sciences naturalistes et l’art.
Noces Végétales déroule pour le visiteur un parcours initiatique dans les rites et les symboles du mariage. Les noces que l’on célèbre ici sont celles qui associent dans un troublant mimétisme la dentelle siliconée et les végétaux abrités par la serre. Un rideau de gouttes déployé comme un dais, des lustres aux drapés élégants en maille tubulaire, des fourreaux de dentelle épousant des troncs d’arbre au plus près de l’écorce, des extensions de silicone prolongeant une branche… mêlent leurs silhouettes organiques à la végétation exubérante de la serre. Où se situe la limite entre le végétal et sa prothèse de silicone ? Entre le vrai et le faux ? Les créations simili-végétales de Tzuri Gueta collaborent avec le lieu, créent un dialogue avec les plantes. Comme un terrain de jeu pour un créateur qui sait entretenir la confusion entre les matières.
Né sur le rivage d’Israël, Tzuri Gueta a gardé en mémoire les formes organiques des éléments brassés par les fonds sous-marins dont il aime reproduire dans son travail les lignes de coraux, les coloris, mais aussi l’impression de mouvement généré par le courant. C’est cette impression de vie que l’on retrouve ici. Car si ces organismes en dentelle siliconée relèvent d’une nature imaginaire et fantasmée, ils sont pourtant parfaitement vraisemblables. A contrario, la nature ne produit-elle pas elle-même des éléments d’une telle perfection, vernissés et luisants, qu’ils semblent artificiels ? La consistance du silicone, matériau naturel issu du silicium et proche du verre, permet d’autant mieux la mise en œuvre du leurre. Dans Noces Végétales, le créateur n’imite pas la végétation, il la réinvente, en manipulant les codes d’une nature protégée et ultra-contrôlée par le lieu emblématique de la serre.
Pour Tzuri Gueta, la serre devient un laboratoire, une couveuse expérimentale dont les parois vitrées n’imposent qu’une frontière fragile entre l’intérieur et l’extérieur. Ses pièces hybrides, minutieusement réalisées à la seringue dans son atelier, sont surdimensionnées pour habiller un lieu si monumental.
Noces Végétales est une expérience visuelle et sensorielle propre à perturber le visiteur qui imaginait admirer une multitude de plantes. En s’immergeant dans le silence d’une végétation en trompe-l’œil qui bouscule ses perceptions, il est invité à découvrir la nature autrement, à travers le regard d’un artiste textile qui s’approprie à loisir le rôle de « Créateur ».
Cette nouvelle variété de Suzanne aux yeux noirs (Thunbergia alata ‘Superstar Orange’) se distingue par ses grosses fleurs d’un bel orange cuivré avec un coeur plus foncé. Très florifère, cette plante grimpante continue à fleurir en automne, profitant des journées particulièrement douces de l’arrière saison.
Toujours dans le cadre de la manifestation de la FIAC Hors les murs au Jardin des Plantes de Paris (Paris 5e), voici une immense statue en bronze réalisée par Barry Flanigan et installée dans le haut de la grande perspective, non loin de la grande galerie de l’évolution et des grandes serres. Elle plaît beaucoup aux enfants qui s’en approchent volontiers pour s’y faire photographier.
Son feuillage mordoré tirant sur le rouge et l’orange se remarque très vite quand on emprunte la grande perspective dans le Jardin des Plantes de Paris. Mais ce spectacle ne va pas durer longtemps car déjà les feuilles tombent en nombre. À voir sans tarder !