mar 052014
 

Une des conséquences de la mondialisation et de l’accroissement des échanges internationaux de marchandises est l’introduction d’espèces exotiques envahissantes. En France, on a ainsi vu arriver récemment le frelon asiatique et l’écureuil de Corée. Dans la liste des 100 espèces exotiques envahissantes les plus néfastes au monde, il n’y a qu’un seul Plathelminthe : Platydemus manokwari, aussi appelé Plathelminthe de Nouvelle-Guinée. Cette espèce, qui vient d’être trouvée en France, à Caen, a été identifiée par une équipe de chercheurs internationale dirigée par Jean-Lou Justine de l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (Muséum national d’Histoire naturelle / CNRS / UPMC / EPHE). Il s’agit de la première découverte dans toute l’Europe, rapportée dans un article paru hier mardi 4 mars dans PeerJ.

Plathelminthe de Nouvelle-Guinée, Platydemus manokwari de Beauchamp, spécimen collecté dans une serre chaude à Caen, photo Pierre Gros
Les effets du Plathelminthe de Nouvelle-Zélande, Arthurdendyus triangulatus, sont déjà connus en Europe. Cette espèce, qui a envahi tout le nord des Îles Britanniques, dont l’Écosse et l’Irlande du Nord, est responsable d’importantes diminutions des populations de vers de terre. Afin d’éviter son extension à d’autres territoires, des mesures ont été mises en place par certains pays européens. Cette espèce n’a jusqu’ici jamais été trouvée en France.
Mais un autre Plathelminthe, Platydemus manokwari ou Plathelminthe de Nouvelle-Guinée, vient d’être trouvé pour la première fois en France et en Europe. Découverts dans une serre du Jardin des Plantes de Caen (Basse-Normandie), ces vers ont été identifiés par leur aspect caractéristique et par une analyse moléculaire du gène de la Cytochrome Oxydase de type I, souvent utilisé pour caractériser les animaux (code-barre).
Platydemus manokwari a été introduit – parfois volontairement – dans plus de quinze territoires dans le Pacifique, où il est devenu envahissant. Il consomme les escargots terrestres, mettant ainsi en danger les espèces endémiques. En effet, bien que vivant sur le sol, il est capable de monter sur les arbres pour y suivre les escargots. Très plat, il mesure 5 cm de long et 5 mm de large ; son dos est sombre (couleur olive noire) avec une bande centrale claire, son ventre plus clair. La tête est allongée, avec deux yeux noirs bien visibles. La bouche n’est pas sur la tête, mais sous le corps, en son milieu.

Le Plathelminthe de Nouvelle-Guinée, originaire d’un pays tropical, habite les régions montagneuses de l’île, à une altitude de 3000 m : il peut donc survivre à des températures relativement fraîches, allant jusqu’à 0°C. Ainsi, il n’est pas impossible que l’espèce puisse se répandre dans le milieu naturel en France et dans une grande partie de l’Europe. De plus, il a été observé en laboratoire qu’il est capable de consommer des escargots européens.

Platydemus manokwari de Beauchamp, 1963, prédation sur un escargot indigène, photo Pierre Gros
En fait, même si Platydemus manokwari menace surtout les escargots, un des principaux dangers de cette espèce est que son régime alimentaire est très diversifié – elle peut se nourrir de dizaines d’espèces, dont des vers de terre. Platydemus manokwari représente une menace nouvelle et importante pour la biodiversité en France et en Europe, qui héberge plusieurs centaines d’espèces d’escargots, dont certaines sont en danger et protégées. Il est donc important de réfléchir à la mise en place de mesures d’éradication et de contrôle de ce Plathelminthe.

Références
Jean-Lou Justine, Leigh Winsor, Delphine Gey, Pierre Gros, Jessica Thévenot.
The invasive New Guinea flatworm Platydemus manokwari in France, the first record for Europe: time for action is now.
PeerJ, 4 mars 2014.

Site Internet de Jean-Lou Justine : http://bit.ly/Plathelminthe
Sur Twitter : https://twitter.com/Plathelminthe4
Inventaire national du Patrimoine naturel INPN : http://inpn.mnhn.fr/

L’article est en anglais mais le lien https://peerj.com/articles/297 donne accès à une traduction intégrale de l’article en français : « Le ver plat de Nouvelle-Guinée Platydemus manokwari en France, première mention en Europe : il faut agir maintenant ».
L’article et sa traduction sont en open-access sous licence « Creative Commons Attribution 3.0 non transposé » : le texte et les photos peuvent donc être utilisés librement, sous réserve d’indiquer les auteurs.

fév 292012
 

Missions Printemps est la plus grande expérience de science participative sur le printemps 2012 lancée par Arte. Dès le mois de février et durant 12 missions, vous êtes invités à aider les scientifiques à observer la nature, pour suivre l’arrivée du printemps et à comprendre, par vous-même, les éventuels effets du réchauffement climatique en France. Aujourd’hui 29 février 2012, vous pouvez découvrir la première mission de l’opération Missions Printemps : Réaliser la deuxième cartographie des vers de terre de France.

Cette première enquête participative ludique réponds à de grands enjeux scientifiques. Vous pourrez aider Daniel Cluzeau, de l’Université de Rennes 1, à réaliser la seconde étude nationale sur les vers de terre. Méconnus, ils sont pourtant les habitants les plus importants (en termes de volume, de masse et de densité) des territoires émergés. La seule et unique carte qui leur est consacrée en France date de plus de 40 ans. La connaissance des 100 espèces souterraines est fondamentale pour comprendre comment vivent et évoluent nos sols.
Continue reading »

juin 082011
 

L’opération d’insurrection végétale (Potogreen) qui s’est déroulée dimanche dernier dans le 2ème arrondissement de Paris m’a permis de faire la connaissance de M. Moulinot, venu en voisin, et son invention, la Moulibox.

M. Moulinot et ses Moulibox, Paris 2e (75)

M. Moulinot et ses Moulibox, Paris 2e (75), 5 juin 2011, photo Alain Delavie

M. Moulinot est Maître Composteur.

Sa Moulibox est un mini composteur d’intérieur. Plus exactement une boîte à lombricompostage design pour les citadins écolos ou qui souhaitent le devenir.
C’est un outil pédagogique destiné à tous permettant d’apprendre le merveilleux processus du recyclage des déchets organiques par les lombrics: le lombricompostage. Elle permet de recycler de petites quantités de déchets organiques ménagers (environ 10 kilos par an), et de produire ainsi du lombricompost, que vous pouvez ensuite utiliser dans les potées des plantes d’intérieur ou sur le balcon.

Une Moulibox est fabriquée dans une boite à gâteaux métallique recyclée et peinte en vert ou en noir ou en rose.
Ses dimensions : 21,5 cm (largeur) x 23 cm (longueur) x 12 cm (hauteur).

 

Moulibox, Paris 2e (75)

Moulibox, Paris 2e (75), 5 juin 2011, photo Alain Delavie

Elle contient un sachet d’environ 150 vers de terre dans leur litière (terreau: amendement organique NFU44-051, 100% naturel utilisable en agriculture biologique). Le mode d’emploi papier est entièrement recyclable par la Moulibox, la conception et la fabrication sont 100% Made in France.

La Moulibox ne prétend pas résoudre le problème du recyclage des déchets organiques, mais plutôt d’apprendre à faire du lombricompost sans trop investir, ni prendre trop de place.

MOULINOT SARL
88 RUE DE RICHELIEU
75002 PARIS

sept 192010
 

Le Muséum National d’Histoire Naturelle vous propose deux nouveaux films le lundi 20 septembre 2010 à 18 heures, dans le cadre de son cycle Biodiversité : la nature revisitée.

Les intestins de la terre
Réalisateur Olivier Barbier / production : Solarprod Documentaire, 2006 (France) – 13 min.
La terre se régénère grâce à l’alternance « production/recyclage » des matières organiques. Maillon essentiel de ce cycle, les vers de terre sont les animaux les plus répandus sur la planète. La mécanisation du travail de la terre et l’usage d’engrais massif affecte très sérieusement leur population, avec des effets négatifs sur l’environnement. Conséquence : le désert progresse !

Secrets de plantes – Le lotus, de la spiritualité à l’hypertechnologie
Réalisateur François-Xavier Vives / production : ARTE France, Le Miroir, CNRS Images, Muséum, INRA Documentaire, 2010 (France) – 43 min.
Le lotus présente d’étonnantes propriétés hydrophobes : il repousse l’eau, conférant à ses feuilles des capacités auto-nettoyantes. Il s’agit de « l’effet-lotus », qui ouvre aux scientifiques le champ de la bionique. Une nouvelle science qui s’inspire de la nature pour inventer des technologies.

Débat en présence de : David Quéré, physicien et directeur de recherche du CNRS à l’Ecole Sup. Physique Chimie Industrielle et de François-Xavier Vives, réalisateur.

Infos pratiques :
Auditorium de la Grande Galerie,
36, rue Geoffroy St Hilaire,
75005 Paris.
Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles (120 places). Tout public.
Accueil du public dès 17h30.

avr 222010
 

On ne les voit presque jamais à l’air libre, seules leurs déjections se repèrent sur les terres laissées à nus. Précieux aides pour les jardiniers et la nature d’une manière plus générale, les vers de terre travaillent et améliorent le sol à longueur d’année ou presque.

Les jardiniers de l'ombre

Turricules de vers de terre dans un potager, photo Alain Delavie

Il existe trois grands types de vers de terre :
– Les épigés qui vivent en surface sur le sol, sous les feuilles ou dans les tas de fumiers ou de compost.
– Les anéciques, de grande taille, qui creusent des galeries plus ou moins verticales dans le sol à la recherche de nourriture qu’ils trouvent plutôt en surface.
– Les endogés, plus petits, qui vivent en profondeur dans la terre et se nourrissent de matières organiques déjà incorporées au sol.

On compte en moyenne environ une tonne de vers de terre par hectare, soient 1 à 4 millions d’individus. Plus un sol est piétiné et tassé, moins il contient de vers de terre.

Les jardiniers de l'ombre

Turricules de vers de terre dans un potager, photo Alain Delavie

Ce sont les anéciques qui forment les turricules, ces petits monticules visibles sur le sol par endroit. Ces amas sont en fait les déjections des lombrics. Ils sont constitués de terre enrichie en matières organiques (environ 50 % de plus que le sol non digéré par les vers), avec une activité biologique plus intense car nombre des bactéries présentes dans les tubes digestifs des vers de terre sont éjectées avec les excréments terreux.

Les turricules contiennent :
7 fois plus de phosphate que le sol non digéré,
10 fois plus de potasse,
5 fois plus d’azote,
3 fois plus de magnésium…

Sur une surface d’un demi-hectare, les vers peuvent déposer entre 10 et 15 tonnes de turricules.

Les rôles des vers de terre :
– Ils accélèrent la décomposition de la matière organique et favorisent son incorporation dans le sol,
– Ils aèrent le sol en creusant des galeries verticales et accroissent sa porosité,
– Ils déplacent et remontent des éléments nutritifs qui avaient été lessivés dans les couches plus profondes du sol,
– Ils accroissent la capacité d’enracinement des végétaux dont les racines peuvent emprunter les galeries creusées et se faufiler dans les différentes couches du sol,
– ils servent de nourriture à d’autres animaux, notamment les oiseaux.

Pour favoriser la présence et l’activité des vers de terre, il faut :
– Faire des apports réguliers d’amendements organiques pour enrichir la terre en humus,
– Éviter l’emploi du motoculteur et le retournement du sol,
– Pailler le sol pendant la belle saison,
– Éviter l’emploi de traitements chimiques sur et dans le sol.

Des vers de terre dans les potées et les jardinières ?
Contrairement à une idée reçue encore trop fréquemment avancée, les lombrics ou gros vers de terre ne mangent pas et ne coupent pas les racines des plantes. Ils sont capables de déplacer des montagnes de terre (sans pour autant vous retourner votre potée, rassurez-vous), mais ils ne s’attaquent pas aux végétaux en bonne santé. Seules les matières organiques en décomposition les intéressent.
Dans une grosse potée ou une jardinière volumineuse remplies de plantes vivaces ou d’arbustes et qui restent en place plusieurs années de suite, les vers de terre améliorent aussi la structure du sol et facilitent l’arrosage en profondeur des végétaux. Inutile de les enlever !